F1 - Sebastian Vettel, merci Monsieur !

20/11/2022

En 2010, j'avais 7 ans. En 2010, je me rends compte que je regarde la Formule 1, que je dois regarder depuis bien plus de temps aux côtés de mon père. En 2010, un pilote dominait son monde, remportait des courses extraordinaires, pilotait un bolide exceptionnel, se battait contre des légendes du passées et du futures, et devenait un de mes héros d'enfance. Ce pilote, c'est Sebastian Vettel.

Ce dimanche, c'est pour moi la fin d'une ère, la fin du pilote qui a marqué mon enfance, m'a fait aimer ce sport. C'est dans ce contexte que je souhaitais écrire cet article sur Sebastian Vettel, en lui rendant hommage, à ma petite échelle de jeune spectateur, d'enfant avec des étoiles pleins les yeux devant sa télévision.

Un début de carrière sur des chapeaux de roue


J'étais beaucoup trop jeune pour voir les débuts de Sebastian Vettel. Évidemment, je m'intéresse à l'histoire plus ou moins ancienne de la Formule 1 depuis pas mal d'années maintenant. Sebastian Vettel a une place dans l'histoire récente et dans l'histoire de la F1, c'est indéniable. Et il a parfaitement lancé sa propre histoire dans la compétition reine du sport automobile. En effet, il impressionne directement pour son premier grand prix chez BMW en 2007, et il tape instantanément dans l'œil de Toro Rosso qui le signe dès l'été 2007. Un peu plus d'un an plus tard, les 13 et 14 septembre, il rentre déjà dans l'histoire de son sport. A Monza, sous une pluie torrentielle, il s'offre sa première pole et sa première victoire en carrière, battant des records de précocité. Une jeune pépite éclot aux yeux du monde entier ce jour-là en Italie.

Vettel rentre par la même occasion dans les viseurs des directeurs d'écurie, mais il est surtout convoité chez Red Bull, l'écurie mère de Toro Rosso. C'est donc une logique respectée quand Sebastian signe chez l'écurie autrichienne pour la saison 2009. Cette saison là, l'allemand finira vice-champion derrière Jenson Button dans une Brawn révolutionnaire et imbattable en début d'année. Il offre tout de même une première victoire dans l'histoire de Red Bull en Chine. On sent donc un très gros potentiel dans ce pilote, qui va exploser dès l'année suivante...

Une domination sans partage


Sebastian Vettel voulait toujours faire plus vite que les autres. En 2010, au volant d'une voiture conçue par l'un (voir le meilleur) ingénieur du monde, Adrian Newey, Vettel remporte le titre de 2010 dans une saison folle. Celle-ci voit l'allemand être sacré à Abu Dhabi dans une course haletante. Au début de cette saison, l'allemand à beaucoup de pression et accumule quelques erreurs, puis arrive Turquie 2010 avec ce fameux accrochage avec son coéquipier Webber. Les deux pilotes étaient en têtes, mais Vettel, sûrement trop pressé de dépasser son coéquipier, le touche dans une manœuvre un peu hasardeuse. Durant ce début de saison compliquée, Vettel va accumuler jusqu'à 31 points de retard sur le leader du classement général. Avant la dernière manche de la saison, l'allemand est 3ème du championnat à 15 points de la Ferrari d'Alonso. Maurice Hamilton, dans son livre Formule 1, L'histoire officielle, raconte la dernière course du championnat : « La perception de la situation dans le paddock de Yas Marina était que Vettel n'était pas prêt à devenir champion. [...] Webber était vu comme la principale chance pour Red Bull d'empêcher Alonso de devenir une troisième fois champion du monde. Ferrari partageait clairement cette vision et décida de calquer sa stratégie sur Webber [sans réagir à celle de Vettel]. L'événement désastreux pour Alonso fut un arrêt anticipé de Vitaly Petrov, qui signifiait que le pilote russe n'allait plus s'arrêter, et la Ferrari était coincée derrière la Renault. Dans des circonstances normales, il aurait fallu un instant à Alonso pour le dépasser. Mais c'était Yas Marina, où les dépassements étaient virtuellement impossibles [et l'auteur critique le tout nouveau tracé, ainsi que les nouvelles monoplaces ne pouvant plus se suivre]. Alonso et Ferrari étaient anéantis ; Vettel et Red Bull jubilaient, et l'Allemand devint le plus jeune champion du Monde. » Il devient en effet à ce moment-là le plus jeune champion du monde de l'histoire à 23 ans, 4 mois et 11 jours. On ne se doutait pas après cette saison disputée l'ampleur que Vettel va prendre en F1.

En 2011, il n'y a cette fois aucun adversaire. Personne pour contrarier les plans du jeune allemand, qui s'offre son deuxième championnat d'affilé. A ce moment-là, la planète F1 commence à être presque « lassée » de la domination de la voiture autrichienne, tellement elle est écœurante. On peut comprendre les fans, eux qui avaient vus 5 champions différents entre 2006 et 2010. Vettel va venir casser cette diversité en posant son empreinte. Il va notamment poser un nouveau record qui tient toujours : le plus de pole sur une saison, avec un total ahurissant de 15 ! Il devient au Japon le plus jeune double champion du monde de l'histoire, avec un record qui tient encore aujourd'hui. Enfin, en Inde, un circuit où il performait énormément avant sa disparition, le pilote Red Bull décroche le premier grand chelem (victoire, pole, meilleur tour, tous les tours en tête) de sa carrière.

Je me dis, dans ces moments là, que finalement c'est plus facile d'être encore un enfant, qui ne pouvait pas mesurer le manque d'adversité, et le peu de suspens que procure ce genre de domination. Quand on est petit, on est épaté devant tant de facilité, devant cette voiture qui devance facilement ses concurrentes, devant ce pilote qui écrase ses adversaires. J'ai pu le remarquer quelques années plus tard face à la domination de Mercedes, qui rendaient les courses inintéressantes, à une époque où la Formule 1 était de ce fait de moins en moins suivi, et surtout chez les jeunes. En effet, que ce soit à l'école primaire ou au collège, je n'avais personne avec qui discuter des courses du dimanche à l'école, étant le seul à suivre ce merveilleux sport... Tant pis pour eux ! Mais néanmoins voilà, je suis forcé de reconnaître aujourd'hui qu'une saison disputée de bout en bout est incroyable à vivre (cf. la saison 2021 évidemment !)

Revenons-en à notre champion. En 2012, c'est une nouvelle saison plus disputée, à l'image de 2010. En effet, Vettel accumule jusqu'à 44 points de retard après son Grand Prix à domicile, avec de nombreux concurrents qui gagnent les courses, notamment la Ferrari de Fernando Alonso. Finalement, Vettel entame une folle remontée au classement, avec en point d'orgue une masterclass que l'allemand pouvait nous offrir : Brésil 2012. Alors qu'il arrive à Interlagos avec 13 points d'avance sur l'espagnol de chez Ferrari, Vettel s'élance de la quatrième place, mais en arrivant au virage 4, il se fait harponné, se retrouve en sens inverse sur la piste, avec tous les pilotes qui le dépassent. Il repart dernier. On se dit donc tous que les chances de Vettel sont à zéro pour remporter ce titre. Mais rien n'est impossible pour la machine allemande, un homme robot qui ne fait aucune erreur, écrase tous ces adversaires. Il fait une remontée exceptionnelle pour être juste derrière son rival au championnat à 20 tours de l'arrivée. Pour rajouter un peu de piment à ce dimanche déjà irrationnel, la pluie arrive. La course se termine finalement sous safety car, et alors que Fernando Alonso termine deuxième, Vettel finit sixième, ce qui lui suffit pour glaner sa troisième couronne mondiale consécutive. Il conclut cette saison après une course brillante à Abu Dhabi, où il termine deuxième après être parti des stands, en dépassant un par un ses adversaires. Du Vettel tout craché.

2013... La fameuse saison. Une saison qui va restée dans les annales de ce sport. Un Sebastian Vettel au sommet de son art, sa carrière étant à son point le plus culminant. Des records à tout va, des victoires époustouflantes, une domination sans partage... Peu de mots peuvent décrire l'incroyable saison de Vettel cette année-là. Le début de saison est marqué par une consigne d'équipe non respectée. En Malaisie, Marc Webber mène la course devant Vettel, et l'écurie informe son champion de ne pas attaquer son coéquipier avec le fameux « Multi 21 ». Cependant, Vettel n'en fait qu'à sa tête, et dépasse Webber dans un dépassement mémorable le long du muret des stands à pleine vitesse. Il remporte donc cette course face à son équipier abattu. Mais le moment important de la saison et de la carrière de Vettel ne va arriver que par la suite. Du Grand Prix de Belgique jusqu'à celui du Brésil, il remporte 9 victoires d'affilés, nouveau record dans l'escarcelle de Sebastian. Record toujours en activité même si Max Verstappen l'a frôlé en cette année 2022. Durant cette série, à Singapour, Vettel écœure la concurrence. Alors qu'il sort un tour exceptionnel en Q3 après sa première tentative, il rentre au stand et regarde la fin de la qualification dans son box à la télé. C'est un coup de massue pour ses concurrents, qui le lendemain, ne peuvent que s'incliner face au Lion de Singapour, surnom donné à Vettel suite à ces nombreux succès sur le circuit urbain de Marina Bay. C'est en Inde qu'il est mathématiquement titré, et il obtient donc son quatrième titre consécutif.

2013, c'est aussi la voiture la plus sophistiquée, la plus complète de Red Bull, la RB9. Une des voitures qui m'a le plus marquée dans mon enfance, que j'ai d'ailleurs en miniature aujourd'hui grâce à la collection Les grandes Formule 1 d'Altaya. Elle était tout le temps aux avants postes, elle devançait ses adversaires, dont les voitures rouges de chez Ferrari dont j'étais déjà fan, malheureusement comme aujourd'hui d'ailleurs... Mais cette Red Bull RB9 est iconique, et elle restera dans la légende de la Formule 1.

Un ascenseur émotionnel chez les Rouges


Qui dit domination, dit changement en Formule 1. En 2014, la F1 change totalement de réglementation avec entre autres les fameux moteurs hybrides, qui ouvre une ère hybride qui va donner lieu à une domination, cette fois encore plus importante que celle de Red Bull. Mercedes, les « Flèches d'Argent », va dominer le championnat constructeur entre 2014 et 2021. Seul accroc dans cette domination, l'année 2021 avec le titre pilote perdu au profit de Verstappen dans les circonstances que l'on connaît.

Et Vettel, de son côté ? Il se fait d'abord battre dans cette première année de l'ère hybride par son nouveau coéquipier, Daniel Ricciardo, qui empoche les seules victoires de Red Bull en 2014. Puis la cassure est faite, et Sebastian Vettel rejoint Ferrari pour la saison 2015 dans l'objectif de rivaliser avec Mercedes à moyen terme. Deux grands prix plus tard, l'allemand remporte sa première victoire avec la Scuderia en Malaisie. 2015, c'est également une année difficile pour la Formule 1, mais aussi pour le sport automobile français, avec le décès de Jules Bianchi après son accident au Japon en 2014. Le jeune pilote Marussia, promis à une carrière chez Ferrari, est dans la tête de tous les pilotes. Alors qu'il gagne en Hongrie, Vettel lui rend un hommage touchant, en lui dédiant sa victoire dans une radio en français très émouvante : « Merci Jules, cette victoire est pour toi... », puis en anglais : « Tu seras toujours dans nos cœurs. On sait tous qu'un jour, tu aurais fait partie de cette équipe ». Ce moment notamment m'a beaucoup marqué personnellement et Sebastian est rentré encore plus dans mon cœur. Puis Sebastian s'illustre encore à Singapour, en dominant la course et en dépassant Ayrton Senna au nombre de victoires.

Les années suivantes, alors que Mercedes dominait, mon amour pour les rouges de Ferrari me fait encore plus aimer Vettel, et mon souhait de le voir battre les gris de Mercedes m'anime à chaque course. Mais que ce soit en 2016 ou en 2017, même si il y a eu de l'espoir, Vettel et Ferrari ne pouvait rien faire face à la force de l'écurie allemande. En effet, en 2017, Vettel et Ferrari entame parfaitement leur saison. Le duel face à Hamilton est rude, avec en point d'orgue cet accrochage à Baku. Alors qu'on est sous régime de safety car, Vettel rentre dans la Mercedes de Lewis Hamilton, casse son aileron, puis se porte à la hauteur de l'anglais pour ensuite venir le toucher. Par la suite de la saison, et comme un symbole, Vettel perd la tête du championnat après un doublé des Mercedes. Mais le tournant de la saison 2017, c'est cette tournée asiatique. Trois courses, trois désillusions. Singapour : le fameux accident au départ, sous la pluie, alors qu'il était en pole. Malaisie : problème moteur en qualification, qui le contraint à partir vingtième. Japon : abandon au quatrième tour, suite à une casse moteur. Tous les espoirs de Ferrari tombent à l'eau, et Vettel devra attendre encore avant de vraiment lutter pour le titre.

L'année suivante est celle du plus gros regret de tous les fans de Sebastian Vettel, et c'est certainement le début de la fin de sa carrière... A l'aube de 2018, Ferrari et Vettel ont de grands espoirs en cette saison. Et ce début de saison est très intéressant, avec deux victoires en deux courses. Alors que la saison suit son cours, l'allemand arrive à domicile en tête du championnat, mais malheureusement cette course est dans toutes les mémoires. Dans toutes les mémoires négativement, ou dans la mienne du moins. Lors de cette course, Vettel part en pole, domine, alors que son rival Hamilton part quatorzième après un soucis en qualifs. Alors qu'il était en tête, une pluie fine s'abat, et l'allemand termine dans le mur avec des pneus slicks, puis Hamilton vient remporter la course et retourner le championnat. Ce moment est évidemment le tournant de la saison de Vettel, mais peut être également de sa carrière. Seul lot de consolation dans cette saison qu'il termine par des accidents et des erreurs, Vettel dépasse Alain Prost au nombre de victoires au Grand Prix de Belgique.

On sent ensuite un Vettel détruit psychologiquement, qui n'arrivera pas à se relever de cet échec. Avec l'arrivée de la pépite monégasque Charles Leclerc en 2019, Vettel se fait rudement concurrencer par le jeune pilote qui prend le dessus sur l'expérimenté allemand. Il remporte ce qui sera la dernière victoire de sa carrière à Singapour, l'un des circuits préférés du Lion de Singapour. C'est au tout début de la saison Covid de 2020 que Vettel et Ferrari annoncent la fin de leur collaboration. Vettel rejoint alors Aston Martin dans un nouveau projet avec pour objectif de faire grandir la nouvelle écurie dirigée par Lawrence Stroll.

Fin de carrière chez Aston


C'est un moment plutôt douloureux que de voir Sebastian s'engager dans une écurie telle qu'Aston avec peu de chance d'obtenir de bons résultats. On sent que Vettel commence à être lassé de la Formule 1, et de ses aspects sociétaux en particulier. En effet, Vettel s'est beaucoup montré avec des t-shirts revendiquant des droits, avec des casques pour faire passer des messages également. On sentait Vettel plus comme un pilote, mais comme un homme. Cela fait évidemment de Vettel une personne respectée par tout le monde aujourd'hui, mais malheureusement c'était plus compliquée sur la piste. Il réussit quand même à obtenir un podium à Baku en 2021, puis un autre la même année en Hongrie avant d'être disqualifié pour quelques centilitres d'essence manquants. Il nous offre quand même quelques belles courses par ci par là, notamment il y a quelques semaines à Austin avec de sublimes dépassements. Cela paraît normal, Vettel se fait plaisir avant de quitter les pistes de la Formule 1. Oui je dis les pistes car il me paraît quasiment impossible de ne plus voir Seb dans les paddocks ou dans les stands dans les prochaines années, avec peut être même un poste à responsabilité ?

Pour conclure, j'aimerais finir en parlant de l'homme. Un homme respecté par tout le monde dans le paddock, un homme qui représentait ses collègues sur les sujets de sécurité, un homme qui tenait sous son aile le fils de son « maître », Mick Schumacher. Un homme qui s'arrêtait quand un autre pilote se crashait violemment, qui portait des t-shirts soutenant différentes communautés dans des pays qui ne le permettait pas.

Je retiendrais également de Sebastian toutes ces radios, plus émouvantes les unes que les autres. Ses radios de champions du monde, ces radios de victoire chez Ferrari, celle en hommage à Bianchi déjà évoquée, sa chanson improvisée et lue dans la voiture en italien lors de son départ de la Scuderia. Moi qui suis également un très grand amateur de design de casque, Vettel a sûrement les plus beaux casques spéciaux du 21ème siècle, avec tous ces casques chromés, dorés, avec des messages, des soutiens, colorés... C'est aussi et pour finir un pilote qui aime l'histoire de la Formule 1, et qui est capable de citer dans l'ordre les 70 champions du monde de la F1 jusqu'à 1950 ! Sebastian restera à jamais gravé dans ma mémoire de jeune fan de F1, et si j'aime ce sport, je pense qu'il a eu son rôle la dedans.

Oui, j'ai eu une larme en apprenant la nouvelle du départ à la retraite de Sebastian Vettel. Cette larme est restée bloquée dans mon œil. Dimanche après-midi, elle risque de couler après le dernier tour d'honneur de Vettel à Abu Dhabi. Danke Sebastian. Merci la Formule 1.

V.A.

Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer